Même à la lumière d’une grave crise humanitaire, le racisme persiste.

Depuis 2018, Cultural Diversity and Sustainable Development for Peace (CD4Peace) plaide activement pour le développement durable, la diversité culturelle et la consolidation de la paix. Ces derniers jours, nous avons assisté à l’une des plus graves crises humanitaires depuis début 2022. Plus d’un million d’Ukrainiens ont été forcés à partir et à demander asile dans les pays voisins. Chez CD4Peace, nous sommes profondément préoccupés par les violations massives des droits humains et croyons en l’importance d’approches non-violentes et pacifiques pour la résolution des conflits. En plus, nous condamnons les cas de racisme dans le cadre du conflit actuel. Nous rassemblons les preuves de racisme provenant des forces de l’ordre, de la mentalité eurocentrique des fonctionnaires européens et de la couverture médiatique de la crise ukrainienne dans la déclaration suivante :

Lorsque des millions de citoyens Ukrainiens fuient le pays après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine le 24 février, de plus en plus de cas de racisme de la part des forces de l’ordre à l’encontre des personnes d’origine non européenne qui tentent de quitter l’Ukraine sont reportés. Alors que les médias font l’éloge des voisins de l’Ukraine (Slovaquie, Pologne, Moldavie et Roumanie) pour l’aide apportée aux réfugiées et leurs “frontières ouvertes”, nous avons pu constater des violations des droits de l’homme liées à l’évacuation de certains réfugiés. En effet, à la frontière ukrainienne, on constate une sélection imminente parmi les personnes ayant droit à l’aide, donnant la priorité aux citoyens ukrainiens tout en discriminant, voire en rejetant tout court, les citoyens non-ukrainiens et non-européens. Plusieurs vidéos et posts sur les réseaux sociaux émis par des étudiants internationaux et expatriés ont montré à quel point la discrimination est ancrée dans nos sociétés. Malgré cette situation douloureuse et pénible, les discriminations raciales et réligieuses continuent à se manifester avec une pratique du “blanc et vrai Ukrainien d’abord” établie aux frontières polonaises et hongroises.

Face à cette crise de réfugiés, plusieurs pays Européens ont exprimé leur solidarité avec les civils ukrainiens en fuite. Les pays voisins tels que la Pologne et la Roumanie ont accueilli de nombreux réfugiés provenant de l’Ukraine. Plusieurs pays de l’UE ont formulé une réponse d’urgence qui permet aux Ukrainiens d’entrer dans le territoire de l’UE pour y demander asile. Néanmoins, nous avons remarqué certains commentaires de responsables gouvernementaux qui montrent un double standard raciste qui catégorise les réfugiés et les place sur une hiérarchie de valeurs. Notamment, le Premier ministre bulgare Kiril Petkove a décrit les demandeurs d’asile ukrainiens comme des Européens intelligents et éduqués, qui ne sont pas le type de réfugiés auquel il est habitué (faisant référence aux précédentes vagues de réfugiés extra-européens). Selon lui, les réfugiés précédents ont un passé incertain et auraient pu être des terroristes (source : The Washington Post). Il n’y a pas si longtemps, en Europe, nous avons assisté à la réticence de certains pays à accorder aux réfugiés un passage sûr ou l’asile, malgré la forte condamnation de la part des groupes de défense des droits de l’homme. L’accueil et les gestes chaleureux de certains pays de l’UE à l’égard des Ukrainiens en fuite, contrairement à leur attitude à l’égard des crises de réfugiés précédentes, révèlent la déshumanisation des réfugiés non européens, dont le cri pour la paix et la sécurité est considéré comme moins important. CD4Peace croit sincèrement en l’égalité, quelles que soient les différences culturelles. Nous condamnons les traitements différenciés des demandeurs d’asile en fonction de leur ethnie, de leurs croyances culturelles ou de leur situation géographique et nous appelons les autorités responsables à agir avec justice.

Au cours des derniers jours, nous avons suivi de près la couverture médiatique du conflit en Ukraine. Nous avons constaté aussi des récits racistes dans certaines couvertures médiatiques qui ne respectent pas le professionnalisme et l’intégrité des journalistes. Les valeurs d’humanité et égalité sont profondément remises en cause par des reportages qui perpétuent une violence épistémique à l’encontre des populations d’origine extra-européenne. Par exemple, le reporteur de CBS News Charlie D’Agata a identifié l’Ukraine comme un pays civilisé, en comparaison avec l’Irak ou l’Afghanistan. Le journaliste français Phillipe Corbé minime la violence à l’encontre des Syriens mais souligne la violence à l’encontre des Ukrainiens car ces derniers ressemblent aux autres Européens. Nous sommes attristés par la mentalité raciste qui place l’indifférence et l’insignifiance face aux violations massives des droits de l’homme qui se produisent hors d’Europe, en contraste avec l’attention accrue portée aux tragédies qui se produisent sur le continent européen. Une telle mentalité déshumanise la vie des civils non-européens comme si la guerre et la violence étaient des éléments normalisés de leur expérience humaine. En outre, la catégorisation de « civilisés » et « non civilisés » perpétue l’esprit orientaliste enraciné dans le colonialisme impérial. En tant qu’organisation dédiée à la diversité culturelle, au développement durable et à la résolution de la paix, nous appelons à une couverture médiatique culturellement sensible qui respecte les valeurs d’intégrité et d’égalité.

Nous terminons les preuves de racisme énoncées en soulignant l’importance de l’humanité, de l’intégrité et de la valeur de la liberté. Nous sommes attristés par les personnes touchées par le conflit et profondément concernés par le bien-être émotionnel et physique des individus en quête de sécurité et de dignité humaine. Nous condamnons les traitements différenciés des demandeurs d’asile en fonction de leur appartenance ethnique, de leurs croyances culturelles ou de leur situation géographique et appelons les autorités responsables à agir avec justice. Nous appelons à une couverture médiatique culturellement sensible qui respecte les valeurs principales d’intégrité et d’égalité. Enfin, nous appelons à une résolution pacifique du conflit.