Territoire palestinien occupé : manifestations contre l’autorité palestinienne et le président Abbas après la mort d’un opposant en garde à vue

Une nouvelle vague de manifestants est descendue dans les rues de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, afin de donner un nouvel élan aux protestations contre l’Autorité Palestinienne (AP) qui ont fleuri dans diverses régions du TPO après le décès en détention d’un critique virulent de l’AP.

Les protestations ont commencé après la mort de Nizar Banat, 43 ans, qui critiquait vivement l’Autorité Palestinienne et l’avait décrite comme « contractante d’Israël » et corrompue. L’ Autorité Palestinienne a été créée dans le cadre du processus de paix dans les années 1990 et gouverne certaines parties de la Cisjordanie occupée par Israël. Elle est l’une des dernières manifestations du processus de paix, qui est en sommeil depuis plus d’une décennie, et est considérée par Israël, les États-Unis et l’Union Européenne comme un partenaire clé pour promouvoir la stabilité. Si les manifestations actuelles ont été déclenchées par la mort de Banat, les griefs du public à l’encontre de l’AP et du président Mahmoud Abbas sont beaucoup plus profonds. La popularité d’Abbas a chuté après qu’il a annulé les premières élections en 15 ans en avril et a ensuite été mis sur la touche par la guerre de Gaza en mai.

Les manifestations ont fait écho aux slogans « Le peuple veut la chute du régime » et « Abbas, pars », des slogans utilisés lors des manifestations dites du Printemps arabe qui ont balayé le Moyen-Orient en 2011. La foule a brandi le drapeau palestinien et des photos de Nizar Banat et de la famille de Bazar étaient au premier plan de la protestation, sa mère ayant également prononcé un discours lors du rassemblement. Ces foules ont été accueillies par la force brutale des forces de sécurité palestiniennes et des policiers en civil fidèles au parti Fatah d’Abbas. Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré jeudi que les forces de sécurité palestiniennes avaient frappé les manifestants à coups de matraque et les avaient attaqués avec des gaz lacrymogènes et des grenades paralysantes. Elle a ajouté que les forces de sécurité semblaient s’en prendre aux femmes manifestantes, aux journalistes et aux passants, dont beaucoup ont déclaré avoir été harcelées sexuellement.

La mort de Banat a suscité l’indignation générale. L’envoyé de l’ONU pour la paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a déclaré que « les auteurs de cet acte doivent être traduits en justice », tandis que l’Union
Européenne a demandé une « enquête complète, indépendante et transparente ». Les États-Unis se sont dits « profondément troublés » par la mort de Banat et ont demandé une enquête transparente.