Le Pacte mondial
sur les migrations et le populisme national – Événement parallèle de la 40e
session du Conseil des droits de l’homme (2019).
Convaincu que la
compréhension et l’appréciation de la diversité culturelle et de la migration
sont essentielles pour avoir des sociétés durables et inclusives, CD4Peace a
été heureux d’assister à cet événement parallèle fascinant de la 40e session du
Conseil des droits de l’homme sur le Pacte mondial sur les migrations et le
populisme national. Cet événement était organisé par La Rencontre Africaine
pour la Défense des Droits de l’Homme et modéré par Ibrahima Guissé, docteur en
sociologie de l’Université de Genève.
La première
panéliste, l’ambassadrice Kadra Ahmed Hassan de Djibouti, a salué cette
conversation qui intervient à un moment crucial dans la lutte contre le
racisme. Elle a souligné les liens entre la migration et le racisme et a
rappelé de manière poignante aux membres de l’audience que les conversations
autour de la migration devraient être basées sur des faits et non sur des préjugés.
En effet, la migration offre des opportunités à toutes les parties concernées,
les migrants contribuant à hauteur de 6 à 7 trillions de dollars au PIB
mondial.
Mais le point
important de cet événement était aussi de discuter des critiques et des défis
auxquels est confronté le Pacte mondial pour les migrations. Tout d’abord,
Marie-Thérèse Pictet-Althann, ambassadrice de l’Ordre Souverain de Malte auprès
des Nations Unies, a fait valoir que cet accord était effectivement un
compromis et qu’il ne refléterait pas parfaitement les intérêts de chaque
acteur individuel concerné. En outre, de nombreux états impliqués rencontreront
des difficultés pour le mettre en œuvre. Cependant, face à l’augmentation du
nombre de migrants vulnérables traversant les frontières, il est de notre
devoir ultime de défendre la dignité de chaque être humain, en permettant aux
migrants de voyager en toute sécurité et en les intégrant dans les communautés
d’accueil.
Par ailleurs,
Stephan Jaquemet, du CICR, a reproché aux Etats européens de manquer une
occasion de montrer à leurs peuples qu’ils se battent pour une cause juste. De
plus, le scepticisme s’explique par le fait qu’au lieu d’inclure leurs
populations dans le processus, les négociations pour le Pacte mondial sur les
migrations se sont déroulées à huis clos, incitant à la méfiance envers
l’accord.
Patrick Taran, de
Global Migration Policy Associates, a toutefois adopté une approche très
différente. Il considère le Pacte mondial sur les migrations comme une
tentative de forcer un changement de régime, en introduisant des orientations
non contraignantes pour la gestion exécutive des migrations et en incorporant
pour la première fois dans un document des Nations Unies des notions de
contrôles répressifs sur la liberté de mouvement. Cela élargit l’espace de
déconstruction de l’état de droit déjà affaibli et criminalise la migration
irrégulière, tolérant l’emprisonnement des migrants comme alternative
potentielle. Le Pacte mondial sur les migrations comporte beaucoup d’ambiguïtés,
et la seule façon de renforcer le document pour qu’il soit juridiquement
contraignant est d’en faire un traité.
Enfin, Emmanuel
Deonna, conseiller municipal du canton de Genève, a offert une perspective
suisse et genevoise. En effet, en Suisse, les migrants représentent 20% de la
population et contribuent énormément à la société. Malheureusement, il y a
toujours un grand parti politique qui utilise la peur que les gens ont des
migrants comme base de son succès électoral. Le retrait de la Suisse du Pacte mondial
sur les migrations va à l’encontre de la tradition humanitaire de Genève.
Cet événement a
été d’un intérêt particulier pour CD4Peace car il a permis d’engager la
conversation sur les questions de plus en plus pressantes concernant les
migrations dans les sociétés occidentales.
Cependant,
CD4Peace estime que si cet événement parallèle s’est concentré sur les flux
migratoires réels, d’autres conversations doivent avoir lieu concernant les
conditions dans lesquelles les immigrants vivent dans leurs sociétés d’accueil.
Les politiciens des pays d’accueil doivent comprendre que les cultures ne
doivent pas devenir homogènes ou être intégrées dans une norme plus large. Ils
doivent rester ouverts et diversifiés, tout en respectant les droits de l’homme
de toute l’humanité.