L’événement « Sustaining Peace in an Era of Climate Change » (Maintenir la Paix dans une Aire de Changement Climatique) a pris place au Palais des Nations le 8 Novembre, à l’occasion de la 31ème session du Universal Periodic Review de l’ONU. Durant cette discussion entre experts, les intervenants ont traité différents problèmes et conflits résultant du changement climatique. Ils ont proposé quelques solutions concernant la consolidation et le maintien de la paix dans cette période si complexe et tumultueuse.
Lindsey Cook a commencé la présentation en précisant l’urgence des problèmes que le changement climatique engendre. Elle a également expliqué qu’en tant que citoyens il est difficile de comprendre et mesurer la grandeur des dommages causés, car pour les scientifiques il est complexe de communiquer et traduire leurs découvertes dans un langage compréhensible par tous.
Madame Cook a renchérit sur l’idée que la clé d’une approche effective au changement climatique se trouve dans le changement social. Limiter la hausse des températures (ce qui, d’après elle, est toujours faisable aujourd’hui) réduirait considérablement l’impact que le changement climatique est prévu d’avoir sur les communautés vulnérables. Cela faciliterait également les processus de consolidation de la paix et réduirait les risques de conflit : le changement climatique crée une immense pression sur les ressources naturelles et leur disponibilité ; limite et affecte la productivité des sols ; fait pression sur les frontières et initie des vagues de migration ; impacte l’agriculture et les communautés les plus fragiles et vulnérables.
Anna Brach, la deuxième intervenante, s’est concentrée sur l’impact du changement climatique sur la sécurité humaine. Elle a expliqué que les effets ressentis du changement climatique ont donné naissance à un extrémisme violent, où les personnes affectées sont enclines à rejoindre des groupes armés qui leur offriront un unique moyen de survivre et de subvenir à leurs besoins.
A cet égard, Madame Brach nous a clairement exposé la manière dont le changement climatique peut inciter au conflit et à la violence. Elle a ajouté que ce problème concerne tant les pays en voie de développement que les pays développés : il concerne la sécurité humaine globale.
Madame Brach a proposé deux solutions : la protection et l’émancipation. La protection consiste à créer les normes, institutions et lois pour intervenir de manière appropriée là où il est nécessaire. L’émancipation est un élément clé pour la sécurité humaine, spécialement lorsqu’il s’agit des actions contre le changement climatique. Les populations les plus touchées par le changement climatique sont les plus vulnérables et fragiles, elles sont en grand besoin de recevoir du pouvoir et de l’influence sur les processus de décision. Brach a également noté que les indigènes, souvent parti des segments les plus vulnérables des sociétés, ont besoin d’être écoutés et leur savoir valorisé.
A nos yeux, ce point est très important car il ne s’agit pas seulement de les responsabiliser afin de respecter leurs droits et assurer leur sécurité, mais surtout car leur savoir est précis et souvent juste en ce qui concerne les terres sur lesquelles ils habitent. Souvent, les indigènes connaissent mieux les techniques et méthodes les plus adéquates aux conditions sous lesquelles ils vivent.
Amanda Kron a encouragé le développement de méthodes d’évaluations intégrées afin de mieux comprendre le changement climatique, ses dynamiques et fragilités. Pour y parvenir elle a proposé trois outils, qu’elle-même a utilisé pour un projet de Changement Climatique et Sécurité au Népal et Soudan : un document de conseil et de guidage, une note d’évaluation et de contrôle, une boîte à outils contenant des exercices et de la documentation.
Elle a aussi remarqué que la plupart des problèmes sont devenus récurrents, tels que la sécurité (en ce qui concerne les besoins basiques de subsistance) et les problèmes de migration. Ces problèmes créent des tensions au sujet des ressources naturelles locales et laissent place à des frictions entre les populations hôtes et les communautés de migrants. En vue de ce problème, Madame Kron a recommandé de renforcer les relations entre ces différents groupes et communautés.
En ce qui concerne CD4Peace, nous valorisons de telles recommandations car, de notre point de vue, la compréhension mutuelle et la coopération entre les différents groupes culturels sont fondamentales à l’achèvement du développement durable et à la création de la paix.
Isobel Edward a exposé le potentiel des énergies renouvelables décentralisées dans les stratégies de consolidation de la paix : outre leur rendement, il y a divers bénéfices propres aux énergies renouvelables. Elles supportent la décentralisation du pouvoir et défient la souveraineté corporative. Elles créent plus d’emplois que les projets à grande échelles et offrent des opportunités d’entreprenariat aux populations locales. De ce fait, elles ouvrent la voie de l’indépendance économique à ces populations. Madame Edwards a déclaré que les énergies renouvelables décentralisées ont déjà été utilisées dans divers projets globaux.
Est-ce que l’énergie pourrait enfin devenir un outil pour la paix plutôt qu’une source de conflit ?
Prenant une approche différente de celle des autres experts, Madame Edward a mis en avant une vision effective d’un système responsable et équitable. Sa vision correspond aux notions de protection et d’émancipation de Madame Brach. Elle a cependant souligné la nécessité d’adopter de nouvelles méthodes en considérant leur impact sur la sécurité et le bien-être des populations.
Monsieur Farukh Amil a abordé le sujet d’un point de vue encore différent, notant que les problèmes de changement climatique n’ont pas seulement émergé à cause de l’activité humaine, mais plutôt à cause d’un besoin insatiable de maximisation et de croissance. Il a donc recommandé de se pencher sur l’impact individuel des citoyens. Il a appelé à une rétrospection sur notre relation personnelle avec les déchets et le gaspillage.
Les intervenants se sont concentrés sur l’aspect social et sociétaire du changement climatique et de ses solutions potentielles. Ils ont dessiné un lien très clair entre les conflits, la violence et le changement climatique. En parlant de risque, vulnérabilité et fragilité sociale au lieu de se concentrer exclusivement sur les solutions politiques (lois et institutions) les conférenciers ont réussi à nous responsabiliser sur ce que nous, en tant que citoyens, pouvons faire et penser.
Un accent a été mis sur l’émancipation des groupes vulnérables, ce qui n’est pas seulement crucial pour eux mais également indispensable pour créer un environnement propice au changement positif et afin de s’enrichir du savoir et de la contribution des groupes indigènes.
Comme nous l’avons remarqué à travers cette conférence, il semblerait que le lien entre la culture et l’environnement (ou la nature) est de plus en plus reconnu. Ceci est très intéressant pour CD4Peace car notre vision repose sur la croyance que nous avons besoin de la culture et de la cohésion sociale afin de traiter adéquatement les challenges environnementaux et sociétaires d’aujourd’hui.
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